Le jeudi 12 avril 2018 se clôturaient Les Matinées numériques, dans le cadre de la Semaine numérique de Québec, sous le thème de la présence de la technologie dans nos sociétés et son impact sur la vie privée. Entre les inquiétudes liées à la surveillance que permettent la technologie et les préoccupations quant à la protection des données privées, les interrogations se multiplient sans pourtant ralentir l’émergence de la technologie dans nos vies. Cinq panélistes aux horizons variées se sont positionnées sur le sujet.

Dominic Cliche, conseiller en éthique, Commission de l’éthique en sciences et technologies

Lors de sa présentation, M.Cliche a émis l’importance de prendre un pas de recul sur la situation actuelle et de redéfinir certains concepts. Quelles sont ces frontières? Existent-elles réellement? Comment sont-elles tracées? Où devraient-elles être tracées? Qu’est-ce que la vie privée? Il insiste également sur les notions d’autonomie, de consentement, de dignité et de culture lorsqu’il est question de vie privée. Il faut se donner la possibilité de construire et de négocier notre autonomie alors que le numérique cherche continuellement de nous rassembler. 

Guillaume Ducharme, VP Communications et affaires corporatives, CEFRIO

Par les chiffres révélateurs de CEFRIO, M.Ducharme nous a présenté le portrait des Québécois sur l’usage et la perception du numérique. D’abord on constate une maturité d’usage du numérique chez les internautes québécois en raison notamment de la multiplication des usages, des objets et des appareils numériques. De plus, les Québécois surestiment positivement leurs habiletés et leurs connaissances numériques, malgré leur usage croissant. Les Québécois doivent donc être plus conscients, informés et actifs en termes de protection de leurs données privées.

Stéphane Roche, professeur du département de sciences géomatiques, Université Laval

La géolocalisation matérialise vos traces numériques par la personnalisation algorithmique et le triage. Il existe un grand nombre de technologies qui permettent de suivre la position géographique des individus, et ce, bien au-delà de la fonctionnalité de la géolocalisation sur un téléphone intelligent. La justice sociale, c’est-à-dire, la capacité des individus à accéder à des services en fonction de sa localisation, apparaît alors comme question déterminante pour l’avenir de nos sociétés.

Patrick Turmel, professeur de la Faculté de philosophie, Université Laval

« Nous vivons dans un contexte où nous ne sommes pas reconnus en tant que producteurs de valeur », expliquait M. Turmel. Pourtant, nous sommes producteurs de données ayant une valeur économique importante. Cette richesse détient une part individuelle et sociétale. Il faut considérer les données comme une valeur économique pour concevoir un état social dans lequel on reconnaît la valeur numérique comme un produit social.

Joëlle Tremblay, auteure, chroniqueuse et enseignante de philosophie, Cégep de Granby

Mme Tremblay définit le numérique comme un immense vecteur d’informations où les humains sont des producteurs, des générateurs et des créateurs de contenus. Les humains se consentent de manière aveuglée. Intrinsèquement, la définition de la vie privée a évolué vers un concept imprécis et flou. La vie privée existe à l’extérieur et non par manipulation, mais par un rapport d’échange d’informations entre nous et le numérique. Par la vie numérique, nous avons une existence sociale.

Par cette série d’échanges, l’enjeu de la protection de la vie privée dans l’univers numérique revient à l’utilisateur. L’utilisateur de demain doit être informé et conscient des impacts de son comportement dans l’avenir de nos sociétés.